Jojozoi Partie 1 Chapitre 6

 Voilà maintenant quelques heures que nos héros se sont décidés de partir tous ensemble en Guinée, les voilà désormais dans l’un des plus grands aéroports parisiens en attendant le prochain vol vers Parawol.

Ils commençaient tous à fatiguer et vaquaient chacun à leurs occupations sans prendre la peine d’échanger, Niggara était allongé sur un des sièges dans une des salles d’attente il roupillait tranquillement en écoutant un peu de musique.

Saidou était quant à lui contre un des murs en train de boire une boisson étrange un grand sourire aux lèvres Dognareff était assez intrigué et le questionna alors à ce sujet pour engager une discussion.

“C’est du soda? J’en ai jamais vu de similaire à celui-ci la couleur est étrange…’

Saidou semblait alors ravi qu’on lui pose la question, il s’écria en tendant la bouteille à Dognareff “Tu n’as qu’à en juger par toi-même!’

“Bien…”

Dognareff était assez méfiant de boire cette chose non pas qu’il manquait de confiance envers Saidou mais bien car il avait peur de ne pas avoir un métabolisme assez puissant si c’était une boisson africaine assez spéciale.

Tout tremblant il guida lentement la bouteille vers sa bouche et avala une légère gorgée de ce liquide, au début rien ne se passait il avait même trouvé ça relativement bon ça ressemblait à du jus de mangue.

“Je vois du jus de man-” 

Dognareff allait remercier Saidou quand il se mit à ressentir un afflux d’énergie en lui, il se mit alors à faire des dizaines de pompes au sol et à courir partout attirant les regards sur le petit groupe.

“Non! Pas jus de mangue…c’est une potion de bonheur!” 

Saidou était fier de voir Dognareff si réceptif envers sa boisson il avala alors le reste de la bouteille et rejoignit alors son camarade dans sa folie.

Niggara se releva en soupirant tout cette agitation l’empêchait de dormir alors il frappa Saidou au visage d’un violent coup de poing.

“SI TU FERMES PAS TA GUEULE JE VAIS TE L’ARRACHER GROS CO-”

Niggara furieux se fit à son tour remettre à sa place, Denis refusait qu’on frappe son frère d’une autre mère. 

Il attrapa alors l’homme avec ses mains collantes pour le pendre au plafond accroché avec quelques pointes de glue.

“R-Rat de merde…”

Niggara continua alors sa sieste à la façon d’une chauve-souris tandis que les autres couraient partout comme des enfants sous le regard protecteur de Denis le cochon d’inde nu.

Le repos n’aura cependant pas été de longue durée étant donné que leur avion était prêt à décoller, Saidou détacha alors Niggara le laissant s’écraser contre le sol avant de se mettre à courir.

“Tu ne paies rien pour attendre Saidou…”

Niggara se releva alors en se frottant la tête avant de se mettre à son tour à courir vers le quai, l’avion allait fermer ses portes quand le groupe sauta dedans grâce à Denis qui les retenait avec les deux mains collantes de son dos.

Ils s’installèrent tous et finirent tous par s’endormir bercé par les ronronnements de l’avion qui démarrait, tous sauf Saidou qui caressait Denis.

Il n’était pas comme d’habitude pendant le vol, il était assez calme et ne souriait pas, bien qu’il en paraissait satisfait il n’avait aucune envie de partir en Guinée mais il y était bien obligé, ce pays le dégoutait et lui rappelait tout les moments les plus sombres de sa vie.

Avant de quitter le pays, Saidou était un jeune homme respectable qui était toujours sérieux et réfléchi il rêvait de ressembler à son idole le héros du village Itoura Moussongo.

Quand ce dernier s’est sacrifié pour tous les sauver, Saidou a longuement pleuré, personne n’a pu le consoler et ce pendant plusieurs semaines il se terrait dans une dépression qui le rongeait.

C’est à ce moment qu’il se décida de devenir fort, il voulait venger Itoura et ce en se prenant à ce qu’il restait de l’armée qui avait lâchement attaqué le village il alla voir l’homme le plus fort du village Soussou pour suivre ses enseignements.

Saidou était prodigieux il faisait rapidement des progrès et impressionnait Soussou qui lui menait cependant la vie dure, c’est à la naissance de son petit frère Rachid que Saidou replongea dans cette haine et dans cette dépression, il avait donc appris que sa mère avait eu un enfant avec un autre homme que son défunt père.

Il ne pouvait l’accepter, il rentra chez lui furieux et se mit à faire la morale à sa mère en lui hurlant dessus jusqu’à ce que le père de Rachid intervienne pour calmer Saidou, il se prit alors un violent coup de poing au visage et Saidou les larmes aux yeux demanda à sa mère de ne plus jamais lui adresser la parole.

Il s’en alla alors furieux à Conakry, c’est là qu’il commença à boire de l’alcool alors qu’il n’avait que 13 ans.

Rapidement il se mit même à ne plus aller aux entraînements de Soussou considérant alors les habitants du village comme des traîtres ne perpétuent pas la volonté de leurs sauveurs.

Quelques mois passèrent alors avant que Saidou ne se calme, l'élément déclencheur étant une nouvelle rencontre, à Conakry à force de traîner dans les rues il avait fini par rencontrer une fille.

Elle s'appelait Samira, elle ne venait pas d’ici mais était tombée amoureuse de Saidou en le voyant s’occuper tendrement d’un cochon d’inde nu qu’il venait de sauver des griffes d’un féroce chat.

Après cette rencontre ils prirent contact et continuèrent à se voir jusqu’à ce que Saidou décide d’officialiser, Saidou avait trouvé l’amour de sa vie et avait décidé de changer pour elle il allait arrêter de vivre dans la rue comme les autres misérables ivrognes, à ses 16 ans il ouvrit alors une boutique dans la divination et gagna pas mal d’argent, assez de quoi se payer une petite maison.

Il s’empressa alors d'emménager avec Samira, il connaissait enfin le véritable bonheur et avait même décidé de lui faire une demande en mariage le jour de ses 20 ans.

Malheureusement pour Saidou les erreurs du passé finissent toujours pas nous rattraper, à cause de nombreuses arnaques et vols il était recherché de partout depuis 2 ans et ce sans même qu’il ne le sache, un soir alors qu’il rentrait du travail il trouva la porte d’entrée forcée.

Inquiet il se rua dans sa maison mais se fit violemment assommer, des gens avaient trouvé son domicile et lui avait tendu un piège, la dernière chose qu’il vit avant de s’évanouir c’était une vision floue de sa femme en sanglots ligoté et entouré de plusieurs hommes grossièrement cagoulés.

Il ne se réveilla que quelques heures plus tard pour apercevoir face à lui du sang coulant à flot sur le sol de toute la maison, il se mit à hurler de rage et de chagrin quand il vit le corps de sa femme défiguré et complêtement attrophié, il avait beau hurler son nom elle n’allait plus répondre Saidou se rua alors vers sa cuisine pour prendre un couteau mais au moment de se le planter celui-ci se fit stopper par une créature intangible qui flottait au dessus de lui.

Il ne chercha même pas à comprendre ce qu’il venait de se passer qu’il se laissa s’écrouler au sol le visage noyé par ses larmes.

Au réveil Saidou ramena le corps de sa femme aux hopitaux sans dire un mot, il rentra ensuite à Parawol pour faire passer un message à Soussou qu’il allait devoir transmettre au reste du village.

“Je suis désolé, j’ai été naïf maintenant je vais accomplir la volonté d’Itoura”

Suite à ces mots il s’en alla sous les yeux du magicien qui se mit à pleurer, les expressions du visage de Saidou lui avaient permis de comprendre l’enfer qu’il venait de vivre.

Voici ce que représente la Guinée pour Saidou Diallo, un véritable enfer.